beata szparagowska, on en parle...
beata szparagowska
fantômes rétiniens
beata szparagowska
œuvres récentes
exposition du 22 août au 30 septembre 2023
vernissage le lundi 28 août de 18 à 20h30
Les rouleaux de films qui sommeillent au fond du tiroir. Depuis une année, parfois plus. Pas d’urgence, les images attendent patiemment d’être révélées et d’être vues.
Ressorties une nuit d’insomnie, la maison dort toujours, je n’entends que ma respiration dans l’obscurité quand je les glisse dans la cuve de développement. Puis, je vais à la cuisine, je la pose, la vaisselle non lavée à côté, il pleut dehors. Le rythme monotone des gestes, leur précision qui rassure.
L’odeur de la chimie, des produits qui s’écoulent dans la cuve. Le temps qui passe. L’alchimie. Parfois je fais quelques pas de danse avec la cuve entre les mains. Le chien se réveille, me regarde sans comprendre. Le dernier rinçage et ça y est. Je vais me coucher. Le matin, les films développés sont toujours là, secs, suspendus sur une corde à linge dans la cuisine. Je les regarde à la lumière du jour.
Des images se bousculent. Des instants, captés en mouvement lors de l’un ou l’autre voyage, à peine aperçus, des mauvaises herbes glanées au bord de la route pendant que le paysage défilait me reviennent des années plus tard et se dessinent maintenant avec précision sur la pellicule.
Un bateau découpe l’horizon. Une sirène lointaine. Le clapotis de l’eau. Les pas sur la neige. Le silence d’un lac glacé. Une joie soudaine. Un réverbère. Une rue vide. Le bourdonnement d’une mouche derrière le rideau. La douceur des draps. Le sommeil.
Ces derniers mois je dors à nouveau mieux. Mes nuits sont denses de rêves. Le jour, j’attends avec impatience l’arrivée du soir et du sommeil.
Dormir. Se glisser lentement dans l’eau froide. Pas après pas. Le cœur qui bat trop vite. Après un moment d’hésitation, plonger la tête. Un bref frisson et ça y est. Je suis de l’autre côté.
Des miettes éparpillées d’un carnaval oublié dessinent une toute nouvelle constellation.
Les cris des oiseaux deviennent bizarres. Une mouette me regarde dans son vol. Où suis-je maintenant ? L’eau est douce, rassurante. Le clapotis des vagues me berce, découpe le paysage aux alentours en mille morceaux. J’entends un rire. De quel côté vient-il ?
L’eau est sombre et dense comme du goudron. Immobile. Toujours ce rire. Je me réveille en nage. La respiration violente, comme si je sortais la tête hors de l’eau.
La persistance rétinienne. La lumière qui dessine des formes au fond de l’œil. La lumière qui noircit la pellicule, image après image. La lumière qui grave la mémoire. Qui se glisse sous les paupières dans les rêves.
Beata Szparagowska
anne desobry, on en parle...
au salon d'art dans la libre culture du mercredi 5 juillet 2023
anne desobry, on en parle...
article de jean-marie wynants à propos de l'exposition de anne desobry au salon d'art dans le soir mad du mercredi 24 mai 2023
anne desobry
répétition(s)
anne desobry
œuvres récentes
exposition du 15 mai au 15 juillet 2023
vernissage le lundi 15 mai de 18 à 20h30
congés d’été du 18 juillet au 21 août 2023
Des châssis en attente d’un côté, des tables qui semblent chacune avoir une fonction, une douzaine de ciseaux suspendus côte à côte, des agrafeuses, des boîtes rangées, des bocaux et produits accumulés, des pots à crayons et à pinceaux. Des images épinglées, superposées, apposées. Répétitions. Des piles de journaux. Des carnets. Des objets, en nombre et toujours regroupés. Un espace qui se crée par la mise en liens de petits riens. Un livre de G. Didi-Huberman : Quand les images prennent position. D’autres livres : Journal de travail de B. Brecht ; Et si je suis désespéré que voulez-vous que j’y fasse de G. Anders ; le Manuscrit de 1942 de W. Heisenberg ; ou des extraits de Kubark. Obnubilation. Idée fixe.
Surtout, des photos : une main tordue au sol, un loup, des forêts, des pelleteuses, des scènes de guerre ou de déboisement, une ville bombardée, une succession de visages de victimes ou d’accusés. Et des coupures de journaux, sans date, sans contexte. Parfois uniquement le titre d’un article découpé : « Au bord du vide ». Le tout en noir et blanc. Aucune couleur. Le bruit des guerres, le son en moins. La géographie de la destruction et le vacarme du monde pénètrent l’espace de l’atelier par touches d’images et de mots. Les camps, les goulags, la déportation, la torture, l’oubli. L’isolement, l’ailleurs, la fuite, le refuge, la solitude. Destruction par l’homme. Irrésolution. Répétitions de l’histoire.
Les peintures et dessins, aux murs et sur les tables. Les couleurs apparaissent alors, très souvent ternes – verts délavés et embrumés, gris chauds et poussiéreux, de grands aplats noirs –, parfois très vives – un jaune ou un vert presque purs, arbitraires. Anéantissement. Monochrome. Désolations.
La succession, la mise côte à côte, l’accumulation de traces suscitent quelque chose qui n’est pas dit. Fragments. (D)énonciation silencieuse.
Aucun visage n’est reconnaissable dans les œuvres. Terminées, en cours ou étapes de recherche, il est difficile de donner un statut à ces images. Elles sont simples, sans mise en scène, presque anecdotiques. Mais elles sont puissantes, toujours. Et évocatrices. Images simples, qui se lisent seules ou par associations. Répétition.
Un arbre isolé et ébranché. Des silhouettes fantomatiques qui avancent lentement vers un inexorable rien, coincées entre un ciel menaçant et une terre vide. Un pavé, écrasant. Un tas de décombres. Un micro. Un homme penché, bras dans le dos. Une cage. Des grilles. Des éléments architecturaux, détruits ou à l’inverse froids et immaculés. La reconstitution d’une coupure de journal, les mots en moins. Une montagne renversée. Des taches blanches, comme autant d’explosions aveuglantes. De la fumée. Des taches d’huile ou de sang. Quelques mains, tendues vers on se sait quoi, ou alors inertes. Une paire de lunettes brisée. Des oreilles. Empêchements.
Si les œuvres semblent muettes – pas une bouche, pas un œil n’est représenté –, l’évocation de la dévastation est partout. Vestiges. Témoin d’un saccage. Des oreilles, encore. Quand les images prennent position...
Répétition générale.
David Scheer
esteban moulin, on en parle...
article de roger pierre turine à propos de l'exposition de esteban moulin au salon d'art dans la arts libre du mercredi 15 mars 2023
esteban moulin
plans de vol
esteban moulin
œuvres récentes
Mon espace peint devient le vide, c’est le monde invisible.
Je joue avec le visible et l’invisible.
Le ciel est visible, il est rempli et je vais le vider par ma trace. Pour les yeux humains, la trace d’un avion de voltige est invisible et je vais la rendre visible à travers la calligraphie.
Comme peintre et calligraphe, je cherche et montre que l’objectif de cette trace, écrite par l’avion dans le ciel, est artistique. Ma calligraphie n’est pas immédiate, il y a une méditation intérieure et elle n’est pas aléatoire.
Elle est le résultat d’une succession linéaire très précise. Je sais où je vais commencer et où je vais terminer. Selon la trame de l’histoire que je vais raconter, je réfléchis au pinceau, à l’encre et au support que je vais utiliser.
J’adore le papier pour son côté pénétrant, la vitre pour sa translucidité, le plexi pour sa flexibilité, la fresque pour sa vision monumentale, la toile pour le grain qu’elle dégage.
Il y a une grammaire dans cette calligraphie, comme dans la voltige aérienne. Pour écrire une histoire, je suis comme le pilote qui utilise cet alphabet très particulier de figures, ce langage très codifié repris dans un dictionnaire : le code Aresti. Un programme de vol est composé d’une combinaison d’une dizaine à une vingtaine de figures. Les différents enchaînements de symboles donnent le caractère propre du rythme, du souffle et de l’énergie du vol. Quand je peins, j’exécute cette chorégraphie précise.
L’idée d’entamer ce parcours calligraphique m’est venue il y a une dizaine d’années. Juge dans une compétition, j’avais dans les mains un programme de voltige avec toutes les figures enchaînées. Comment pouvais-je réaliser cela en peinture ?
Le début de ce travail est également lié à mon expérience de pilote et à ce souvenir d’adolescence où mon père, pilote, me demandait de dessiner son vol sur une vitre.
Tous ces éléments m’ont permis d’accéder à cette nouvelle étape de mon travail artistique. Je suis un scribe du ciel et des pilotes.
Esteban Moulin
patrick van ghendt, on en parle...
article de jean-marie wynants à propos de l'exposition de patrick van ghendt au salon d'art dans le mad du mercredi 15 février 202
patrick van ghendt, on en parle...
article de gilles bechet sur patrick van ghendt au salon d'art.
[suivre le lien]
article de michel verlinden à propos de l'exposition de patrick van ghendt au salon d'art dans le vif du jeudi 2 février 2023
patrick van ghendt
Voir comme on le fait plus facilement avec les autres sens, en baissant la garde de l'intellect et en se laissant gagner par des sensations. Voir comme on le fait en fermant les yeux car c'est à cette condition que l'on reconnait – chacun a pu en faire l'expérience – non pas une quelconque réalité, mais plutôt le souvenir enfoui, si intime et si précieux, d'une impression fugace que celle-ci nous a un jour laissée.
Entrevoir en quelque sorte et pour cela, au préalable expérimenter.
Expérimenter les espaces ouverts par l'artiste, dans cette troisième dimension indissociable de sa pratique d'architecte. Y cheminer du regard, se faufiler dans les dédales pour y retrouver des fragments de vie flottant en deçà de la conscience. Mais aussi, filer droit dans la profondeur sans se soucier des cloisonnements successifs, la mémoire aux aguets, prête à débusquer ces impressions pures, non perverties par le langage, gravées profondément en nous par la lumière du temps où l'on ne pouvait rien nommer, du temps où l'on pouvait seulement ressentir.
Expérimenter ces images en se passant des mots et de leur poids de conventions. Expérimenter comme des enfants qui plissent leurs paupières face au soleil pour le seul plaisir des formes et, in fine, débouler dans une quatrième dimension insoupçonnée.
Jean-Marc Bodson
alechinsky, on en parle...
article de bernard roisin à propos de l'exposition d’alechinsky au salon d'art dans le journal du médecin #2735
alechinsky, on en parle...
dans l'éventail de novembre 2022
alechinsky, on en parle...
dans le soir mad du mercredi 2 novembre 2022
alechinsky, on en parle...
article de danièle gillemon à propos de l'exposition d’alechinsky au salon d'art
dans le soir mad du mercredi 2 novembre 2022